FISCALITÉ

Fiscalité : quel délai respecter entre deux donations ?

Fiscalité : quel délai respecter entre deux donations ?
Credit Photo - Shutterstock
Le 10/10/2024

Optimisez vos donations en France : délais, abattements fiscaux et stratégies de planification pour réduire vos coûts et maximiser vos avantages fiscaux.

La donation est un acte généreux qui permet de transmettre de son vivant une partie de son patrimoine à ses proches. Les donations sont donc un outil précieux pour la gestion du patrimoine et la préparation de la succession. Cependant, pour bénéficier des avantages fiscaux associés, il est important de bien comprendre le délai à respecter entre deux donations. En France, la législation sur les donations est complexe et impose des règles strictes. Cet article vise à clarifier ces règles et à fournir des conseils pour respecter les délais entre deux donations.

Comprendre les donations

Définition d'une donation

Comme en dispose l'article 894 du code civil : « La donation entre vifs est un acte par lequel le donateur se dépouille actuellement irrévocablement de la chose donnée en faveur du donataire qui l'accepte. ». Les donations jouent un rôle essentiel dans la gestion du patrimoine, car elles permettent de transmettre des biens de son vivant, souvent dans le but de réduire les droits de succession.

Fiscalement, les donations sont soumises à des droits de mutation à titre gratuit, dont le montant varie en fonction de la valeur du bien donné et du lien de parenté entre le donateur et le donataire.

Qui peut faire une donation ?

La donation peut se faire sous réserve que les donateurs et bénéficiaires remplissent certains critères :

  • Le donateur doit être en pleine possession de ses facultés mentales, avoir au moins 16 ans et être juridiquement apte à administrer ses biens.
  • Le bénéficiaire doit accepter explicitement la donation, sans que son consentement soit implicite.

Il est important de noter que le donateur est libre de faire une donation à la personne de son choix, qu'il s'agisse ou non d'un membre de sa famille.

Pour que l'opération soit caractérisée comme une donation, trois conditions cumulatives doivent être remplies :

  • La transmission doit se faire sans contrepartie.
  • Le dessaisissement du donateur doit être immédiat.
  • L'acceptation du donataire doit être expresse.

Si l'une de ces conditions n'est pas respectée, l'opération ne pourra pas être qualifiée de donation.

Que peut-on inclure dans les donations ?

Plusieurs types de donations existent :

  • Donation en argent : transfert de sommes d'argent.
  • Donation immobilière : transfert de la propriété d'un bien immobilier (maison, appartement, immeuble…).
  • Donation de biens meubles : transfert de la propriété de biens matériels tels que des objets d'art ou des véhicules.
  • Donation de parts sociales ou actions : transfert de parts dans une entreprise ou d'actions cotées.

Quels sont les différents types de donations ?

  • Donation classique : la donation simple consiste à transférer immédiatement et irrévocablement un bien ou de l’argent à un bénéficiaire, nécessitant l'intervention d'un notaire.
  • Don manuel : le don manuel implique la remise physique d'une somme d'argent ou d'un bien meuble au bénéficiaire, devant être déclaré aux autorités fiscales.
  • Donation-partage : la donation-partage permet de répartir équitablement les biens entre les enfants héritiers, fixant définitivement les parts pour éviter les litiges familiaux.
  • Donation entre époux : la donation entre époux permet à un conjoint de sécuriser sa part de biens pour le survivant en cas de décès, étant révocable à tout moment par le donateur.

Délai à respecter entre deux donations

En France, il est recommandé d'attendre un délai de 15 ans entre deux donations pour bénéficier à nouveau des abattements fiscaux. C’est ce qu’on appelle le délai de rappel fiscal. Ce délai n’est pas obligatoire, mais il permet de maximiser les avantages fiscaux offerts par la législation. Cela signifie que si une nouvelle donation est faite avant la fin de ce délai, les abattements déjà utilisés lors de la précédente donation sont pris en compte, ce qui entraînera des droits de donation à payer.

En d’autres termes, les sommes données en plus des abattements, sont soumises à des droits de donation calculés selon des tranches progressives allant de 5 % à 45 %. C’est pourquoi, une bonne planification des donations peut permettre de minimiser l'imposition.

À noter : les règles de succession influencent également ces délais. En cas de décès du donateur avant l'expiration du délai de 15 ans, les donations peuvent être réintégrées à la succession, ce qui pourrait entraîner un recalcul des droits de succession.

Cadre juridique des donations en France

Lois et régulations

Les donations sont régies par le Code civil et le Code général des impôts. Les principales régulations concernent :

  • Les droits de donation.
  • Les abattements fiscaux.
  • Les conditions de révocation.
  • Les obligations déclaratives.

Avantages fiscaux dans le cadre familial

Donner permet de bénéficier d'avantages fiscaux tels que des abattements sur les droits de donation en fonction du lien de parenté :

  • Entre parents et enfants : abattement de 100 000 € tous les 15 ans.
  • Entre grands-parents et petits-enfants : abattement de 31 865 € tous les 15 ans.
  • Entre arrière-grands-parents et petits-enfants : abattement de 5 310 € tous les 15 ans.
  • Entre époux ou partenaires de PACS : abattement de 80 724 € tous les 15 ans.
  • Entre frères et sœurs : abattement de 15 932 € tous les 15 ans.
  • Entre oncles et tantes, et neveux et nièces : abattement de 7 967 € tous les 15 ans.
  • À une personne handicapée : abattement de 159 325 € tous les 15 ans.

Le montant excédant les abattements mentionnés précédemment est soumis à imposition. Ces mesures s'appliquent indépendamment de l'âge du bénéficiaire, qu'il soit majeur ou mineur. 

Bon à savoir : les exonérations peuvent s'additionner : ainsi, un enfant peut recevoir jusqu'à 200 000 € (100 000 € x 2) de ses parents et jusqu'à 127 460 € (31 865 € x 4) de ses quatre grands-parents tous les 15 ans, sans devoir s'acquitter de droits de donation.

Avantages fiscaux hors cadre familial

En ce qui concerne les donations à un tiers hors cadre familial, elles présentent des abattements fiscaux moins favorables et sont soumises aux mêmes délais de 15 ans. En effet, transférer gratuitement une partie du patrimoine à un tiers entraîne des droits de donation de 60 %, autrement dit : une fiscalité dissuasive. Un tiers non-héritier ne bénéficie pas de l'abattement forfaitaire, mais a droit à un abattement de 1 594 € sur les droits dus.

En cas de donation à un tiers, c’est l’assurance-vie qui est le choix le plus judicieux. Avant 70 ans, le bénéficiaire peut recevoir jusqu’à 152 500 € sans impôt, puis 20 % sur les 700 000 € suivants et 31,25 % au-delà. Les primes versées après ses 70 ans qui dépassent 30 500 € seront soumises aux droits de succession, conformément à l'article 990 I du code général des impôts, qui précise que l'assiette taxable est déterminée par la valeur du contrat au moment du décès.

Stratégies pour optimiser les donations

  • Planifier à long terme : pour optimiser les avantages fiscaux, il est essentiel de planifier ses donations sur le long terme. Cela inclut de tenir compte des délais de 15 ans et de l'évolution de la situation patrimoniale et familiale.
  • Utiliser les abattements : connaître et utiliser les différents abattements fiscaux pour réduire les frais de donation. Intégrer ces abattements dans une stratégie de transfert de patrimoine peut permettre de minimiser les coûts fiscaux.
  • Se renseigner auprès des professionnels : les notaires, conseillers fiscaux, et avocats spécialisés en droit patrimonial peuvent fournir des conseils personnalisés et adaptés à votre situation. Ils vous aideront à comprendre les implications fiscales des différentes options et à élaborer une stratégie efficace en fonction de vos objectifs et de votre situation familiale.

En respectant le délai de rappel fiscal de 15 ans entre deux donations, il est possible d'optimiser les avantages fiscaux et de réduire les coûts associés aux droits de mutation. La planification à long terme et l'utilisation judicieuse des abattements sont essentielles pour réussir cette démarche. Pour des situations spécifiques ou complexes, il est fortement recommandé de consulter un professionnel de la fiscalité qui pourra déterminer la meilleure stratégie de donation à adopter en fonction de votre situation personnelle.

Inscrivez-vous à la newsletter Utilavie

Pour résumer

Cet article explore les délais à respecter entre deux donations pour optimiser les avantages fiscaux. Nous y expliquons les abattements fiscaux, le rappel fiscal de 15 ans, et les stratégies pour étaler les donations dans le temps. Nous aborderons également les différentes options de donations, les exceptions spécifiques, et l'importance de consulter des professionnels comme les notaires et conseillers fiscaux pour maximiser les exonérations et minimiser l'impact fiscal.

Rédacteur

Daphné Lemercier
Par Daphné Lemercier
lire tous ses articles