Usufruit et nue-propriété : tout ce qu’il faut savoir sur leur fonctionnement

Une petite maison miniature et des clés dans des mains pour symboliser le principe d'usufruit et de nue-propriété.
Une petite maison miniature et des clés dans des mains pour symboliser le principe d'usufruit et de nue-propriété.Credit Photo - Shutterstock
Le 07/11/2024

Découvrez l'usufruit et la nue-propriété : leurs définitions, droits, avantages, implications fiscales et situations pratiques. Informez-vous dès maintenant !

L'usufruit et la nue-propriété sont des notions essentielles du droit de la propriété en France. Ces concepts juridiques sont souvent utilisés dans le cadre de la gestion patrimoniale et de la succession. Cet article vise à répondre aux questions fréquemment posées concernant l’usufruit et la nue-propriété, tout en éclairant leurs implications pratiques et fiscales.

Qu'est-ce que l'usufruit ?

Définition de l’usufruit

L'usufruit est un droit qui permet à une personne, appelée usufruitier, d'utiliser un bien et d'en percevoir les revenus, sans en être le propriétaire. Selon l'article 578 du Code civil, l'usufruitier peut jouir du bien « en toute propriété », mais il doit respecter la substance du bien. Ce droit est souvent comparé à une forme de propriété temporaire, car l'usufruitier a le droit de jouir du bien tout en n'en possédant pas la pleine propriété.

Droits de l’usufruitier

L'usufruitier a plusieurs droits :

  • Droit d'usage : l'usufruitier peut utiliser le bien comme bon lui semble, dans les limites du raisonnable et sans détériorer le bien.
  • Droit aux fruits : l'usufruitier peut percevoir les fruits du bien. Dans le cas d'un bien immobilier, cela signifie le droit de percevoir les loyers s'il décide de le louer.

Cependant, l'usufruitier doit également veiller à l'entretien du bien. Il est responsable des réparations courantes et de l’entretien régulier. En revanche, les réparations majeures, dites « grosses réparations », incombent généralement au nu-propriétaire. Par ailleurs, l’usufruitier ne peut disposer du bien (le vendre ou le donner) sans l’accord du nu-propriétaire. Concernant les charges liées au bien, telles que les impôts fonciers et, le cas échéant, la taxe d'habitation, leur répartition peut varier en fonction des termes du contrat de démembrement ou selon la répartition standard définie par le Code civil.

Durée de l'usufruit

L'usufruit peut être temporaire ou viager :

  • Usufruit temporaire : il est établi pour une durée déterminée. À l'issue de cette période, le droit s'éteint.
  • Usufruit viager : il prend fin au décès de l'usufruitier. Ce type d'usufruit est fréquemment utilisé pour garantir un revenu à une personne âgée tout en permettant à ses héritiers de bénéficier du bien à sa mort.

Qu'est-ce que la nue-propriété ?

Définition de la nue-propriété

La nue-propriété est le droit de propriété qui reste après la constitution d'un usufruit. Le nu-propriétaire détient le bien, mais ne peut ni l'utiliser ni en percevoir les revenus tant que l'usufruit existe. Cependant, à l'extinction de l’usufruit, qu’il soit temporaire ou viager, le nu-propriétaire a le droit de récupérer la pleine propriété du bien. Selon l'article 584 du Code civil, le nu-propriétaire est responsable de l'intégrité du bien, ce qui signifie qu'il doit veiller à sa préservation.

Droits du nu-propriétaire

Le nu-propriétaire a des droits spécifiques, notamment :

  • Droit de disposition : le nu-propriétaire peut vendre ou donner le bien, mais il doit informer l'usufruitier de la vente.
  • Droit à la pleine propriété : à l'extinction de l'usufruit, le nu-propriétaire acquiert la pleine propriété du bien, ce qui inclut le droit d’usage et de perception des revenus.

Obligation du nu-propriétaire

L’obligation du nu-propriétaire inclut la responsabilité des réparations majeures, c’est-à-dire qu’il doit prendre en charge les réparations qui ne relèvent pas de l'entretien courant. Cela signifie que si des travaux importants sont nécessaires pour maintenir le bien en bon état, le nu-propriétaire en sera responsable. Ce point est crucial pour la gestion du patrimoine, car il peut avoir des implications financières significatives.

Comment fonctionnent l'usufruit et la nue-propriété ensemble ?

L'usufruit et la nue-propriété sont intrinsèquement liés, formant une structure complexe de droits sur un bien. Ensemble, ils constituent la pleine propriété, mais ils divisent les droits et les obligations entre deux parties.

Exemple concret : imaginons un père qui souhaite transmettre un bien immobilier à son fils tout en continuant à y vivre. Il peut créer un usufruit viager en sa faveur, permettant ainsi à son fils d'être nu-propriétaire du bien. Dans ce cas :

  • Le père (usufruitier) peut continuer à vivre dans la maison et en percevoir les revenus, s'il décide de la louer.
  • Le fils (nu-propriétaire) a le droit de disposer du bien, mais ne peut pas l'utiliser tant que l'usufruit est actif. À la mort du père, le fils devient pleinement propriétaire et peut jouir du bien comme bon lui semble.

Cette structuration permet au père de garantir un revenu tout en assurant une planification successorale efficace pour son fils.

Quels sont les avantages de l'usufruit et de la nue-propriété ?

L'usufruit et la nue-propriété offrent plusieurs avantages tant pour l'usufruitier que pour le nu-propriétaire.

Avantages pour l'usufruitier

L'usufruitier bénéficie d'une utilisation immédiate du bien, ce qui lui permet de générer des revenus sans en posséder l'entière propriété. Cela peut être particulièrement avantageux dans le cadre de la gestion d'un patrimoine immobilier. Par exemple, un investisseur peut acheter un bien en nue-propriété et le donner à un tiers en usufruit pour percevoir des loyers.

Avantages pour le nu-propriétaire

Le nu-propriétaire peut préserver son capital tout en cédant l'usufruit à un tiers, ce qui présente des avantages fiscaux notables dans le cadre de la transmission de patrimoine. En effet, l'acquisition en nue-propriété permet d'optimiser fiscalement les successions, notamment lors de donations précoces, car la valeur de la nue-propriété est calculée en fonction de l'âge de l'usufruitier. Cette valeur est généralement inférieure à celle de la pleine propriété, ce qui réduit la base taxable en cas de donation. Par exemple, le nu-propriétaire peut transmettre le bien à ses enfants en conservant l’usufruit, limitant ainsi la charge fiscale lors de la succession.

Quelles sont les implications fiscales de l'usufruit et de la nue-propriété ?

La question fiscale est cruciale dans la gestion de l'usufruit et de la nue-propriété. Comprendre les implications fiscales peut aider à optimiser la gestion patrimoniale.

Usufruit et fiscalité

Les revenus générés par l'usufruit sont généralement imposables au nom de l'usufruitier. Cela signifie que les loyers perçus doivent être déclarés comme revenus fonciers. Par ailleurs, en ce qui concerne l'impôt sur la fortune immobilière (IFI), l'usufruitier est, sauf convention contraire, seul redevable de la déclaration de la valeur du bien. Cependant, en cas d'usufruit temporaire, cette obligation fiscale peut incomber au nu-propriétaire. En cas de décès de l'usufruitier, l'usufruit est évalué pour le calcul des droits de succession. Cette évaluation est souvent effectuée selon un barème qui prend en compte l'âge de l'usufruitier au moment de son décès.

Nue-propriété et fiscalité

Pour le nu-propriétaire, la fiscalité peut varier. En cas de donation, la valeur de la nue-propriété est calculée en fonction de l'âge de l'usufruitier, selon un barème fiscal spécifique établi par l'administration fiscale. Cela permet de réduire significativement la valeur taxable lors de la transmission du bien. En cas de décès, la nue-propriété est également prise en compte pour le calcul des droits de succession, mais l'usufruit reste évalué séparément, ce qui peut alléger la charge fiscale sur les héritiers.

Quelles sont les situations pratiques d'utilisation de l'usufruit et de la nue-propriété ?

Il existe plusieurs situations pratiques où l'usufruit et la nue-propriété sont utilisés, notamment dans le cadre de la succession et de la gestion du patrimoine.

Cas d'application dans la succession

Un couple marié peut décider de transmettre un bien immobilier à leurs enfants tout en conservant un usufruit viager. Cela permet de réduire la valeur taxable de la succession et d’assurer une certaine sécurité financière pour les parents. Par exemple, un couple de retraités peut donner leur maison à leurs enfants, tout en continuant à y vivre jusqu'à leur décès.

Stratégies de transmission de patrimoine

Les investisseurs immobiliers utilisent souvent l'usufruit et la nue-propriété pour optimiser la gestion de leur patrimoine. Par exemple, en créant des baux emphytéotiques, ils peuvent louer leur bien tout en conservant la nue-propriété, ce qui permet de générer des revenus tout en préservant la valeur du capital.

Qui peut être usufruitier et nu-propriétaire ?

L’usufruit peut être attribué à diverses personnes dans plusieurs situations. Par exemple, un parent détient l'usufruit des biens de ses enfants mineurs âgés de moins de 16 ans, tandis que les enfants sont considérés comme les nu-propriétaires de ces biens. De même, lorsqu'un conjoint décède, le veuf ou la veuve peut recevoir l’usufruit du patrimoine du défunt, les enfants devenant alors les nu-propriétaires.

Il est également possible d’établir un usufruit ou une nue-propriété par le biais d’un testament, d'une décision de justice ou d'un contrat, tel qu'une vente ou une donation. Cela offre une flexibilité dans la gestion des biens, permettant à la fois aux individus et aux structures juridiques, comme les associations, de bénéficier de ces droits. En effet, les personnes morales peuvent également être usufruitières, ayant ainsi la capacité d'exercer des actions en justice et de réaliser des actes juridiques.

Quels types de biens peut-on avoir en usufruit et en nue-propriété ?

L'usufruit et la nue-propriété peuvent s'appliquer à une large gamme de biens, qu'ils soient immobiliers ou mobiliers. En ce qui concerne les biens immobiliers, il peut s'agir de maisons, d'appartements, de terrains, ou encore d'éléments intégrés à ces biens, comme des clôtures. Pour ce qui est des biens mobiliers, cela inclut aussi bien des objets corporels, tels que des meubles et des marchandises, que des biens incorporels comme des droits d'auteur ou des parts sociales.

Par exemple, un individu peut détenir l'usufruit d'un appartement qu'il loue tout en laissant la nue-propriété à un proche. De même, on peut avoir l'usufruit de valeurs mobilières, telles que des actions ou des obligations, ce qui permet de percevoir les dividendes ou les intérêts associés à ces titres tout en conservant la titularité du bien pour le nu-propriétaire. Cette flexibilité fait de l’usufruit et de la nue-propriété des outils efficaces pour la gestion et la transmission de patrimoine.


L'usufruit et la nue-propriété sont des concepts clés dans la gestion patrimoniale, offrant des avantages tant sur le plan de l'utilisation des biens que sur le plan fiscal. Une bonne compréhension de ces notions peut grandement faciliter les stratégies de transmission de patrimoine et améliorer la gestion des actifs. Pour des conseils adaptés à votre situation, il est recommandé de consulter un professionnel du droit, tel qu'un notaire ou un avocat spécialisé.

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Pour résumer

Cet article explore l'usufruit et la nue-propriété, en abordant leurs définitions, droits, obligations, implications fiscales et situations pratiques d'utilisation. Un guide essentiel pour optimiser la gestion patrimoniale.

Rédacteur

Daphné Lemercier
Par Daphné Lemercier
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